L’église et l’espitau
L’église d’Arancou se tient à l’écart du bourg central, Lou Bielot. Bâtie sur le rocher, elle s’entoure du courant d’eau vive d’une source, qui traverse souterrainement la route, contourne le porche et jaillit en contre-bas, trait d’union avec le portail de la maison l’Espitau. A cet hôpital se rattachait l’église, nés tous deux de la route de pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle.
C’était le prieuré-hôpital d’Arancou, dernière étape des pauvres et des pèlerins en terre gasconne, formation hospitalière type, autonome et sans dépendance monastique, constituée par l’hôpital, l’église et le cimetière, par la maison du prieur, prieur-curé de Notre-Dame de l’Assomption, et par les donateries ou maisons de donats alentour, voués aux œuvres de l’hôpital.
A défaut de charte, que dire de sa formation ? Un second établissement, l’Espitau Nau, l’hôpital neuf, appartenait au monastère de Ronceveaux, à l’autre extrémité du village. Il était qualifié neuf, relativement à l’espitau qui le précéda à Arancou. La création de ce premier hôpital remonte pour le moins à la première moitié du XVIIIème siècle, antérieur à 1250, date du plus ancien document connu concernant le nouvel hôpital.
Vers cette époque, se situe l’architecture gothique de l’église de l’espitau, prieurale et paroissiale, dans son éclat rétablie, après que la porte d’entrée envolée, du plus bel effet, ait été remaniée au XVIIe siècle. Une stèle discoïdale a représentation humaine est appelée à veiller sur elle. Un porche-abris fût dès le début prévu, si l’on juge par la saillie des corbeaux et le surplomb des pierres fichées obliquement contre le ruissellements des eaux.
La cuve bastimale à l’intérieur s’orne de la marguerite à six branches dans un cercle, souvenir du paganisme et du dieux solaire, et sert de bénitier. La nef unique à trois travées voûtées de bois se termine par un chevet à cinq pans coupés. De hautes fenêtres à cintre brisé éclairent le galbe des chapiteaux à crochets et à feuilles lobées.
Une arcade en pierre légèrement brisée se déploie dans la nef, et au-dessus du chœur subsiste la voute gothique d’origine. Il y manque la clef de voûte, retrouvée sur le mur du cimetière auprès des marches qui le reliaient à l’hôpital. On y voit un même matériau, et autour d’une croix médiane, la même ligne dentelée qu’à la base des piliers. L’absence de sculpture et de polissage au revers semble aussi écarter l’hypothèse d’un fragment discoïdal de stèle. Une place de choix lui a été réservée dans le chœur, proche d’une vierge dorée du XVIIIème siècle.
Plus récentes, les mosaïques du chœur, prolongées dans la sacristie, inspirées de l’église de la Sorde, reproduisent un motif de chasse, un chien poursuivant un lièvre du temps où l’abbé POQUE était curé d’Arancou.
Un tour polygonal à escalier à vis et à coiffe de pierre repose contre le mur du sud, et un pignon clocher ajouré a été reconstitué à partir d’une gangue de ciment. Mieux que la tête centrale en ronde bosse d’une fenêtre, la platine des murs donne des reflets moirés à l’ensemble de l’édifice.
L’espitau à son déclin fut rattaché dans le premier quart du XVIIIème siècle à l’hôpital St-Europe de Dax. La reconstruction actuelle, sous le nom de Lauga, est datée de l’an 1810.